French – Les négationnistes Erdogan et Netanyahu honteusement Exploitent le terme génocide pour dénigrer l’un l’autre

Par Harut Sassounian
www.TheCaliforniaCourier.com

Pendant plusieurs décennies, Israël et la Turquie ont vécu une lune de miel, se soutenant mutuellement politiquement et économiquement.

Cependant, au fil des années, leurs relations se sont détériorées en raison de leurs positions opposées sur les questions palestiniennes. À plusieurs reprises, Israël et la Turquie ont retiré leurs ambassadeurs de leurs capitales respectives en raison de tels conflits, pour ensuite les réintégrer. En d’autres termes, ils se sont embrassés et se sont réconciliés à plusieurs reprises.

Nous connaissons tous l’expression « la politique fait d’étranges compagnons de lit ». Israël et la Turquie forment un de ces couples politiques étranges. Au départ, leur partenariat reposait sur une base, plus justement décrite comme une exploitation mutuelle. Israël, entouré d’un grand nombre de nations arabes hostiles, avait besoin de la Turquie comme alliée politique et économique, une nation islamique qui avait établi des relations diplomatiques avec Israël en 1949. Pendant ce temps, la Turquie avait besoin d’Israël pour diverses raisons, notamment le soutien politique de l’Occident, l’achat d’armes avancées et des milliards de dollars de commerce.

L’autre aspect de cette union contre nature était que les deux pays niaient le génocide arménien. La Turquie a utilisé ses relations avec Israël pour convaincre le puissant lobby juif aux États-Unis de bloquer la reconnaissance du génocide arménien par le Congrès américain. La Turquie a fait pression sur Israël pour qu’il bloque la Conférence internationale sur l’Holocauste et le génocide à Tel Aviv en 1982, empêche la diffusion d’un documentaire sur le génocide arménien et sa reconnaissance par la Knesset. La Turquie est allée jusqu’à menacer sa communauté juive nationale et a exigé que le grand rabbin d’Istanbul fasse pression sur les organisations juives américaines au nom de la Turquie.

En 2009, Erdogan a déclaré au président israélien Shimon Peres lors d’une table ronde au Forum économique mondial de Davos, en Suisse, devant l’assemblée des dirigeants mondiaux : « Quand il s’agit de tuer, vous savez très bien comment tuer. Je sais très bien comment vous avez tué des enfants sur les plages [de Gaza] ».

Puis l’incident du Mavi Marmara s’est produit en 2010, lorsque l’armée israélienne a attaqué six navires civils turcs en mer Méditerranée qui tentaient d’acheminer de l’aide humanitaire à Gaza, tuant neuf passagers turcs. Le raid a sérieusement détérioré les relations israélo-turques. La Turquie a rappelé son ambassadeur de Tel Aviv et expulsé l’ambassadeur d’Israël d’Ankara. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a présenté ses excuses au Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan et a offert 20 millions de dollars de compensation pour le raid.

Peu avant que le Hamas n’attaque Israël en octobre 2023, les douanes israéliennes ont intercepté 16 tonnes de matières explosives destinées à fabriquer des missiles cachées dans une cargaison turque de matériaux de construction destinés à Gaza. Étonnamment, Israël n’a pris aucune mesure contre la Turquie. C’était encore un autre exemple de l’apaisement par Israël des actions anti-israéliennes de la Turquie. Plutôt que de désigner la Turquie comme État soutenant le terrorisme, les dirigeants israéliens ont adopté Erdogan, l’encourageant à poursuivre ses méfaits.

Suite à la récente attaque du Hamas contre Israël, Erdogan a qualifié le Hamas de « combattants de la liberté » et a comparé Netanyahu à « Hitler, Mussolini et Staline, les nazis d’aujourd’hui ».

En janvier 2024, le ministre israélien des Affaires étrangères a tweeté : « Le président turc Erdogan, issu d’un pays ayant connu le génocide arménien dans son passé, se vante désormais de cibler Israël avec des allégations infondées. Nous nous souvenons des Arméniens, des Kurdes. Votre histoire parle d’elle-même. Israël est en défense, et non en destruction, contre vos alliés barbares ».

La semaine dernière, le ministre israélien des Affaires étrangères, Israel Katz, a convoqué l’envoyé turc, Shakir Ozkan Torunlar, pour se plaindre de la déclaration d’Erdogan selon laquelle il « enverrait Netanyahu à Allah pour qu’il prenne soin de lui, le rende malheureux et le maudisse ». Katz a répondu sur X/Twitter : « Vous [Erdogan] qui soutenez l’incendie de bébés, les meurtriers, les violeurs et la mutilation de cadavres par les criminels du Hamas, [êtes] le dernier à pouvoir parler de Dieu. Il n’y a pas de Dieu qui écoutera ceux qui soutiennent les atrocités et les crimes contre l’humanité commis par vos amis barbares du Hamas ». Katz a ensuite réprimandé Erdogan : « Tais-toi et honte à toi ! »

Le ministère turc des Affaires étrangères a répondu à Katz : Israël a été construit sur des terres palestiniennes « occupées » depuis sa création. « Depuis le premier jour où elles ont occupé les terres palestiniennes, les autorités israéliennes ont déployé de grands efforts pour garder secrets les graves crimes qu’elles ont commis contre les Palestiniens et ont essayé de se créer une armure d’immunité. Ils ont pris pour cible notre président, qui crie la vérité.»

Le ministère turc des Affaires étrangères a ensuite accusé Israël d’avoir commis un « génocide », déclarant que « l’opinion publique mondiale tout entière attend avec impatience le jour où les responsables israéliens qui ont commis des crimes seront traduits en justice ».

Plus tôt, Netanyahu, qui lui-même ne reconnaît pas le génocide arménien, avait critiqué Erdogan pour avoir nié le génocide. Netanyahu a tweeté : « Israël, qui adhère aux lois de la guerre, n’acceptera pas les sermons moraux d’Erdogan, qui soutient les meurtriers et les violeurs de l’organisation terroriste Hamas, nie l’Holocauste arménien, massacre les Kurdes dans son propre pays et élimine les opposants au régime et les journalistes». Cependant, Netanyahu continue d’armer l’allié de la Turquie, l’Azerbaïdjan, avec des armes sophistiquées qui ont été utilisées pour commettre un nouveau génocide contre les Arméniens en Artsakh.

En conclusion, Erdogan et Netanyahu devraient avoir honte d’utiliser le génocide et l’Holocauste arméniens comme monnaie d’échange dans leur différend.

Plutôt que d’utiliser le terme de génocide comme un bâton pour se frapper mutuellement, Israël et la Turquie auraient dû reconnaître le génocide arménien depuis longtemps, afin d’être classés au rang des nations civilisées !